Le delta de l'Évros est l'un des écosystèmes les plus importants d'Europe, reconnu comme zone humide d’importance internationale en vertu de la convention de Ramsar (1971). C’est un espace protégé et un refuge pour de nombreuses espèces rares et menacées. S’étendant sur 111 937 kilomètres carrés, le delta s’est formé par l’accumulation de sédiments et l'interaction entre les eaux douces du fleuve Évros et les courants marins. De petits îlots (Asani, Xera Asani, Karaviou Xiradi), des dunes de sable, des lagunes (Drana, Laki, Monolimni, Paloukia), des lacs d’eau douce (Nymphae, Tsekouri, Skepi, Spitia, Gynaika), ainsi que des marais et des zones humides salées et saumâtres se sont également formés aux deux embouchures du fleuve dans la mer de Thrace.
La position géographique favorable du delta le long des routes de migration des oiseaux, son climat relativement doux et ses zones éloignées et inaccessibles à l'homme offrent des conditions idéales pour l'établissement de nombreuses espèces animales. Le delta abrite 46 espèces de poissons, 7 espèces d'amphibiens, 21 espèces de reptiles et plus de 40 espèces de mammifères. Cependant, le plus remarquable reste sa faune aviaire avec 316 espèces d'oiseaux observées sur les 422 présentes en Grèce. L’écosystème constitue un habitat naturel pour la nidification et l’alimentation, accueillant des espèces telles que les hérons, les flamants roses, les cormorans, les mouettes, les cygnes, les oies naines, les bernaches à cou roux et les oiseaux de proie. Il constitue également un refuge pour d’importantes populations d’oiseaux aquatiques migrant depuis le nord de l'Europe centrale et orientale en hiver et sert de halte essentielle pour de nombreux oiseaux migrateurs en route vers les régions méridionales.
Les populations d’oiseaux de la région fluctuent entre 30 000 et 150 000 individus, bien que ces dernières années, elles n’aient pas dépassé 50 000 à 60 000. En ce qui concerne sa flore, le delta regroupe toutes les formations et tous les types de végétation caractéristiques des deltas méditerranéens, environ 350 espèces végétales. La partie nord-est du delta, connue sous le nom de « zone de plaine inondable », est couverte de massifs denses de tamaris, tandis qu'une forêt touffue de peupliers, de saules, d'aulnes, d'ormes et de plantes grimpantes s’épanouit le long des rives. Plus au sud, le paysage se mue en roselières denses autour du lac Nymphon et d'autres lacs d'eau douce. Les forêts riveraines ont une valeur écologique particulière et jouent un rôle essentiel dans la régulation des ressources en eau et la gestion des sols.
Dans les eaux saumâtres des lagunes, des canaux d'eau douce et de tous les bassins aquatiques le long du fleuve Évros, se développe la végétation la plus importante de la zone humide, classée en trois groupes : les plantes aquatiques entièrement submergées, celles aux espèces enracinées ou non enracinées (avec des feuilles ou des fleurs flottantes à la surface de l'eau, généralement dans les zones peu profondes comme les nénuphars et les châtaignes d'eau), et les communautés de roselières, dominées principalement d'espèces semi-submergées comme les roseaux communs et les joncs.
Ces dernières sont d'une importance capitale pour l'avifaune de la région. Les menaces qui pèsent sur la zone humide sont notamment l’augmentation des niveaux de salinité, la chasse incontrôlée et illégale, le surpâturage, le drainage des terres et le brûlage des roselières.
